lundi 3 décembre 2012

Et sinon, tu écoutes quoi comme musique ?


…ou comment gérer cette question anodine hautement anxiogène.

Si vous avez déjà été à une soirée, on vous a sûrement déjà demandé cela. En général, c’est la question qui suit « tu fais quoi dans la vie ? » et précède « et tu connais qui ici ? ». La plupart d’entre vous expliquent alors brillamment leur goût prononcé pour je ne sais trop quelle chanteuse / groupe pop-rock récent, voire, comble de la classe, leur participation à un groupe.



Le problème pour moi, c’est que je n’écoute rien.
J’ai grandi comme trop de malheureux au son de Nostalgie, diffusé en boucle dans la voiture de mes parents à chaque départ en vacances. Je suis donc capable de vous chanter tout Jean-Jacques Goldman, performance qu’il vaut mieux éviter de trop mettre en avant en soirée.
Par suite, j’ai essayé d’écouter de la musique. Sincèrement. Mon problème, c’est que la radio en musique d’ambiance, c’est simple, je n’ai jamais pu. Ou plutôt, c’est totalement inefficace. Vous pouvez me diffuser n’importe quoi, si je fais autre chose, je n’entendrai pas ce qui passe. Une exception : lorsque la radio produit des sons rappelant étrangement le bruit d’un hélicoptère en vol – je ne citerai pas de nom de groupe – mon cerveau se rebiffe et me demande instamment d’arrêter ça. Si je veux vraiment écouter de la musique, il faut que je m’assoie sur une chaise en fixant ma chaîne Hifi, ce qui, avouons-le, est assez rapidement lassant.

A la longue, j’ai fini par assumer ma méconnaissance musicale. Ce n’est pas tous les jours faciles : j’apprends l’existence de chanteurs qui s’empressent alors de mourir (merci, Amy Winehouse), voire pire, je les découvre quand plus personne ne les écoute – et qu’ils sont alors diffusés en boucle dans tous les Etam, Camaïeu, et autres Naf-Naf.
L’avantage, c’est que je suis bon public. Je suis avec enthousiasme mes amis à des concerts de folk, de fado ou de rock russe.

Vous comprenez donc que je m’embrouille lorsque j’essaie avec désespoir de trouver une réponse cohérente à la fameuse question des goûts musicaux. J’ai essayé le « un peu de tout », tout aussi inefficace, bien que moins hostile, que le « rien, pourquoi ? ». J’ai essayé de répondre largement (et au choix en fonction de l’inspiration du jour) « rock, folk, pop, jazz », mais cela a alors été suivi d’une demande d’info complémentaire sur le groupe préféré. Et là, ça se complique,  d’autant qu’il ne faut pas commettre d’impairs. Parce que « j’adore le jazz, mon groupe préféré est Noir Désir », ça peut prêter à confusion. J’ai aussi envisagé de répondre « uniquement des shoegazers », mais j’ai appris à me méfier des jeunes hommes bien sous tous rapports exerçant un métier respectable ; certains écoutent vraiment des groupes pour le moins improbables et ont une chance (une malchance pour moi) de s’y connaître.

Alors maintenant, quand on me gave trop sur la musique en soirée, soit j’ai vu une expo récemment, et je réoriente la conversation dessus pour pouvoir me la péter tant que je me rappelle à peu près de la biographie du peintre que j’ai vu (en inventant au besoin 3-4 petits détails), soit je m’éclipse discrètement à la recherche d’une personne non sectaire susceptible d’adresser la parole à une musicophobe. Heureusement pour ma vie sociale, il y en a quelque uns. Merci à eux.

Et le bonus

Attention c’est dangereux !