...ou comment on arrive à être jalouse de tante Catherine !
Par un beau jour de septembre, le petit chaperon rouge part en mission ravitaillement à la pharmacie pour sa mère-grand. O joie ! il n'y a qu'une seule personne dans la queue... une seule, mais pas n'importe laquelle : une "dame d'âge respectable" a priori charmante... a priori...
Comprenez bien, la visite chez le pharmacien c'est la sortie de l'après-midi, alors tante Thérèse en profite (remplacez par mamie Simone ou grand-mère Juliette si vous préférez) ! Passées les phrases convenues sur la météo, elle raconte ses petites aventures à Félicien le pharmacien. Bah oui, ça fait bien une semaine qu'elle ne l'a pas vu ! Mais Jules / Thibaut / Pierre, visiblement pas intéressé par le gringue de Bernadette, sourit poliment, toujours en bon commerçant.
De votre côté, vous regardez les aiguilles tourner quand, ô rage, ô désespoir, Georgette brandit une ordonnance longue comme l'annuaire. Et le médecin ne vous a pas aidée : toutes ces lignes en pattes de mouche, ça fait autant de boîtes et d'indications à donner. Et pour s'assurer que Thérèse "la dissipée" a bien tout compris, l'impassible Thomas répète à haute et intelligible voix les explications par le menu détail. On admire sa patience... même si ça finit par prendre 20 minutes !
Passons... c'est enfin votre tour
Enfin, le tour de l'ordonnance de mère-grand. "Je vous en mets pour un mois ?". Serviable, "ça évitera à mère-grand de se déplacer", vous opinez du chef... et voyez les boîtes qui commencent à s'empiler, formant bientôt une tour qui penche dangereusement sur le comptoir. Mais là, Paul ne fait plus risette - bah oui, vous n'êtes pas vraiment sa cliente ! - et en termine au plus vite.
Surprise par cette rapidité soudaine, vous farfouillez péniblement dans votre sac à la recherche de toutes les cartes qu'on vous demande tout à coup pour régler la facture. Tout aussi rapidement, Arthur vous rend cartes, ordonnance et ticket de caisse et regarde par-dessus votre épaule pour s'occuper de la personne qui vous suit tandis que vous restez plantée là, le sac à main éventré, face à une vingtaine de boîtes empilées sur le comptoir. Voyant que vous ne dégagez pas le passage, il remarque votre air hébété et finit par sortir : "Vous voulez un sac ?", comme s'il s'agissait d'une demande incroyable (juste 20 boîtes !).
Vous êtes sciée par ce traitement expéditif : où a donc disparu toute la prévenance dont il a fait preuve avec tante Catherine ? Il fallait arriver avec une canne pour avoir droit à un misérable sac plastique ? En réponse au regard noir que vous lui adressez, Émile vous refile un micro sac dans lequel ne rentre que la moitié des boîtes et qui crèvera à coup sûr avant d'arriver à bon port.
Peine perdue, vous repartez tant bien que mal avec vos courses et réalisez qu'on a réussi à vous rendre jalouse de tante Odile !
La prochaine fois, elle peut toujours rêver pour que je lui laisse ma place dans le bus !
Les liens du jour (un peu moins inutiles aujourd'hui !) :